Géraud Guillemot, organiste titulaire de l’orgue de Chaource depuis une vingtaine d’années, joue avec les innombrables possibilités de l’instrument.
Chaource. Dans le cadre du festival international d’orgue, Géraud Guillemot invite les curieux à découvrir l’orgue dans ses moindres détails ce week-end. L’organiste titulaire donne un avant-goût en livrant quelques anecdotes sur cet instrument.
Le buffet, la tribune, l’intérieur de l’orgue, tout est d’origine », s’enthousiasme Géraud Guillemot. L’organiste titulaire de l’orgue de Chaource s’émerveille encore et toujours. Construit en 1692, l’instrument trônant dans l’église Saint-Jean-Baptiste fait partie des rares orgues restés intacts à travers les siècles. « Aux XIX e et XX e , on a ajouté des trucs, mais il y a 40 ans, on s’est rendu compte que l’original était en dessous et on a enlevé tout ce qui était moderne. ».
De cette histoire et d’anecdotes autour de l’orgue – en général, et de Chaource en particulier -, il sera question ces 3 et 4 Août, à 17 h.
Deux rendez-vous exceptionnels puisque l’organiste, habitué à l’exercice devant d’autres orgues, ne l’avait jamais fait sur ses terres.
Intarissable sur cet orgue qu’il manie avec bonheur, Géraud Guillemot présentera le samedi une conférence permettant d’aborder toutes les questions techniques, accompagnée par les démonstrations sur l’instrument. Et dimanche, place à un concert conférence, au cours duquel l’organiste se fera un plaisir de présenter toutes les capacités de l’orgue.
« L’acoustique de cette nef gothique – alors que le chœur est roman – offre une caisse de résonance pour l’orgue », s’émerveille Géraud Guillemot. Ce même orgue ailleurs, n’aurait ainsi pas forcément la même dimension.
Pourtant, il n’a pas toujours été installé à Chaource, puisqu’il a d’abord été destiné à l’abbaye de Montiéramey avant d’être racheté et installé cent ans plus tard, en 1792, à Chaource. Son installation initiale à proximité de vignes est d’ailleurs rappelée dans les sculptures des piliers où s’y dessinent des grappes de raisins.
Le canon et l’orage
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l’orgue a autant de claviers ? Combien de sonorités différentes il est capable de produire ? Combien de tuyaux il comporte – sachant que, comme un iceberg, seule la partie émergée est visible ? Et saviez-vous que l’on peut reproduire le bruit du canon avec l’orgue ? Suspendu à un crochet sur le côté de l’orgue, un grand bâton peut intriguer et Géraud Guillemot s’en empare pour une démonstration : le bâton posé sur les pédales, le voilà qui appuie dessus de ses pieds et un bruit assourdissant remplit l’église. Un bâton à canon qui peut aussi permettre d’imiter, à s’y méprendre, le bruit de l’orage.
Intrigante aussi, cette inscription dans le bois, au-dessus du pupitre où des mots s’y devinent. « C’est le mode d’emploi de l’orgue », explique Géraud Guillemot.
Le facteur d’orgue, Louis Le Bé, y détaille comment jouer « un récit, un grand jeu… ». Seule une partie est encore visible, présente depuis plus de trois siècles. L’orgue fêtera d’ailleurs en 2025 ses 333 ans, un anniversaire qui méritera d’être célébré, d’autant plus que le festival d’orgue fêtera quant à lui ses quelque 20 ans. En attendant ce grand rendez-vous, plongez ce week-end dans la virtuosité et les secrets de l’orgue.